Racisme et médecine : la race comme construction sociale

Comme je l’explique dans les vidéos de vulgarisation scientifique sur le racisme, le consensus scientifique a exclu la dimension scientifique des races. Cependant, consensus et unanimité sont deux choses différentes. Ainsi, même si la majorité des chercheur.e.s impliqué.e.s dans l’étude des différences entre les groupes ont exclu l’utilisation de la « race », certain.e.s continuent de mobiliser le concept. Dès lors, une question se pose: quelles sont les caractéristiques de ces études qui utilisent encore le concept de « race », malgré les nombreuses critiques ?

Quelques études, par exemple en médecine, continuent d’utiliser l’affiliation raciale , non comme la représentation d’une affiliation basée sur une définition biologique, mais comme une construction sociale de l’identité de groupe. Par ailleurs, ces études ne tentent pas de définir des supériorités ou des hiérarchies entre les groupes, mais des risques à développer des pathologies ou des réactions à des traitements. De plus, même dans la recherche en médecine, le consensus s’oppose à l’utilisation du concept, qui a été par exemple sévèrement critiqué par Adigbli (2020) dans la prestigieuse revue de médecine Nature. Comme il le relève, la race n’est pas un proxy (une mesure indirecte) de différences biologiques. Pire encore, comme la race d’affiliation est souvent définie sur la base d’un questionnaire d’auto-identification par les patients ou sur la perception d’un médecin ou d’un clinicien, l’affiliation raciale est hautement fluctuante.

Il faut noter qu’il peut y avoir des raisons cohérentes en médecine d’explorer des différences de groupe. Par exemple, considérant que plusieurs maladies dites génétiques sont liées à des gènes récessifs, qui ne s’expriment que si les deux parents sont porteurs, il est important de connaître les groupes endogames où les membres privilégient la recherche d’un partenaire à l’intérieur du groupe. Cependant, la « pseudo » race d’affiliation ne traduit pas le niveau d’endogamie, alors que l’ethnie est plus intéressante à cet égard. Or, l’ethnie n’est pas biologique, mais bien socioculturelle, ses frontières sont donc aussi très fluctuantes.

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Bibliographie

Adigbli, G. (2020). Race, science and (im) precision medicine. Nature Medicine, 26(11), 1675-1676.

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