Guide Pratique pour Rédiger l’Introduction d’un Manuscrit

En tant que professeur titulaire, je rencontre souvent de jeunes chercheur.e.s ou des étudiant.e.s au doctorat qui sollicitent mon avis sur des idées qui me présentent oralement ou seulement brièvement. Je leur réponds souvent qu’une idée n’existe pas tant qu’elle n’est pas écrite. En effet, l’effort nécessaire en termes de motivation ou encore de cohérence lors du passage à l’écriture permet déjà d’évacuer les idées qui semblaient bonnes oralement de celles qui ne le sont pas vraiment.

En guise d’écriture, je conseille donc de se concentrer sur une des parties importantes d’un manuscrit, l’introduction, qui est malheureusement souvent escamotée. Ainsi, même si une introduction est réécrite à plusieurs reprises durant un projet de manuscrit (une dizaine de fois), plus la première version sera aboutie et moins il y aura d’incertitude sur le reste de l’écriture.

Néanmoins, une introduction complète doit être composée des parties suivantes :

  • Une première partie d’accroche où vous mettrez l’accent sur des statistiques, anecdotes ou éléments d’actualités qui permettent d’attirer l’attention. Notez que votre accroche doit pouvoir amener le lecteur le plus proche du phénomène à l’étude. Je déconseille par exemple de faire référence à une période antérieure au 3 à 5 dernières années. Cette première partie doit aussi introduire le grand puzzle, c’est-à-dire le grand problème auquel vous apporterez des réponses à travers une petite pièce;
  • Une description de ce que nous savons de la littérature où vous décrivez brièvement l’étendue des connaissances. Il ne s’agit pas ici d’écrire en profondeur l’état de la littérature, comme dans une revue de littérature, mais bien d’énoncer (avec des références) les grandes lignes de votre phénomène qui ont été étudiées;
  • Une description de ce que nous ne savons pas où vous démontrer brièvement les limites de ce que nous savons pour introduire le ou les zones d’ombres ou questions restées en suspens (en se focalisant bien sûr sur celle qui vous intéresse). C’est ici que vous pouvez formuler votre question ou objectif de recherche;
  • Une explication de « pourquoi faudrait-il le savoir? » où vous montrer l’importance de votre question en revenant par exemple sur le grand puzzle (« à quoi ça sert? ». Vous pouvez d’ailleurs montrer comment la réponse à votre question permettra d’identifier des leviers sur lesquels des parties prenantes (gestionnaires, décideurs politiques, praticiens, etc.) pourraient agir pour améliorer leur situation ou résoudre un problème réel.

Ainsi, c’est seulement après avoir alimenté l’ensemble de ces éléments que vous pourrez dire que vous avez une idée. Par ailleurs, vos efforts vous permettront de circonscrire considérablement l’étendue du phénomène à l’étude réduisant dès lors l’incertitude sur la suite du travail.

En règle générale, pour un manuscrit destiné à une conférence qui accepte jusqu’à 5000 mots, vous pouvez accorder au maximum 500 à 750 mots pour l’introduction. Pour un manuscrit destiné à une revue, vous pouvez accorder 750 à 1000 mots. Finalement, comme je le dis précédemment, il arrive régulièrement que l’introduction soit réécrite. Par exemple, la partie sur ce que nous ne savons pas peut être précisée davantage après avoir écrit la revue de littérature ou encore que la cohérence de la question de recherche peut être améliorée après avoir écrit les résultats.

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Vous pouvez aussi visionner la première vidéo de 5 minutes sur le thème : les 4 parties importantes d’un article :

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